Le mot motomarine est entré dans l’usage à pleine vitesse?
Comment ne pas remarquer ces petits engins motorisés qui circulent sur les plans d’eau durant les belles journées d’été? La vitesse, les vagues et le bruit qu’ils génèrent laissent rarement quiconque indifférent...
Faux départ
L’idée de se déplacer sur de petits véhicules aquatiques remonte au milieu du siècle dernier, en Angleterre, où ce type d’embarcation fait une première apparition. Puis, en 1968, la compagnie Bombardier lance le Sea‑Doo, une moto flottante que le conducteur dirige avec un guidon, en position assise, comme sur un Ski‑Doo. Toutefois, ce premier modèle n’a guère de succès.
En 1988, le fabricant commercialise une nouvelle version, qui peut alors accueillir jusqu’à trois personnes. D’autres entreprises lui emboîtent le pas avec des modèles plus ou moins différents qui sont désignés dans la langue courante par leur marque déposée, telle que Jet Ski ou WaveRunner. Les motomarines étaient bel et bien lancées!
Wô, les moteurs!
Cette variante nautique de la motoneige gagne rapidement bien des adeptes… et suscite un certain mécontentement en raison du bruit et des risques qui y sont associés :
Certains groupes environnementaux […] estiment pour leur part que la gravité et l’accumulation des impacts causés par ces machines, comme le bruit, l’érosion et le risque d’accidents nautiques, justifient que l’on interdise leur usage partout sauf là où les usagers auront fait la preuve qu’ils peuvent pratiquer la motomarine en toute sécurité. (L.‑G. Francœur, Le Devoir, Montréal, 18 mai 1996, p. A5)
Un mot qui prend vite du galon
Puisque ces petites machines étaient là pour rester, autant leur donner un nom approprié. De formation semblable à celle de motoneige (composé de moto et neige), le terme motomarine, attesté depuis 1987, s’est imposé comme nom générique.
Solidement implanté ici, motomarine figure dans les dictionnaires français comme québécisme ou canadianisme depuis une vingtaine d’années. En Europe francophone, on emploie plutôt le terme scooter des mers.
La popularité de ces véhicules ne se dément pas. Les adeptes de la motomarine, qu’on nomme motomarinistes, ou plus rarement motomariniers ou motomarinières, sont nombreux.
Si leur présence sur les lacs et rivières du Québec continue de faire des remous, ces passionnés de moto sur l’eau pratiquent désormais leur loisir selon un cadre réglementaire bien établi qui vise, entre autres, à faciliter la cohabitation avec les vacanciers en quête de calme et de silence.
Pour en apprendre davantage sur ce québécisme, consultez l’article motomarine dans le Dictionnaire historique du français québécois.
Références
Francœur, L.‑G. (1996, 18 mai). Les motomarines au banc des accusés. Le Devoir, A5.
Trésor de la langue française au Québec. (2022). Motomarine. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 22 juin 2023. https://www.dhfq.org/article/motomarine